Enjeu stratégique de taille pour les États membres de l’Union européenne, la recherche sur les batteries lithium-ion s’annonce comme une bataille de longue haleine. Et pour ne pas être submergée par les géants asiatiques et les États-Unis, la Commission européenne a débloqué ce lundi 9 décembre 3,2 milliards d’euros d’aides publiques pour activement soutenir l’innovation dans le secteur. Cet argent servira aussi bien au développement des nouvelles technologies qu’à l’optimisation du cycle de recyclage des batteries électriques.
Un projet d’envergure pour doper la batterie à l’européenne
La majorité des batteries utilisées au sein de l’Union européenne provient de l’extérieur, notamment des pays asiatiques. Une dépendance que les Européens peuvent payer cher en cas de conflit commercial avec le premier fournisseur de batterie dans le monde qu’est la Chine.
À elles seules, les usines chinoises produisent 85% des batteries commercialisées dans le monde, suivies des États-Unis (12%) et enfin de l’Europe (3%). Dans 5 prochaines années, le boom de l’automobile électrique risque de durablement accélérer la croissance du marché de la batterie. Faute d’investissements suffisant pour la recherche et en développement, le Vieux Continent s’exclut de facto de la course en se prisant d’une manne financière considérable.
Mais au-delà de l’aspect purement économique, le consortium de la batterie européenne vise surtout à freiner la dépendance vis-à-vis de l’Asie, plus particulièrement de la Chine. En février, Maros Sefcovic, vice-président de la Commission européenne, annonçait que ce sont près de 20 milliards d’euros qui doivent être investis dans la filière. Mais en annonçant une aide publique 6 fois inférieure à l’objectif fixé, les Européens se lancent timidement dans la course.
En débloquant 3,2 milliards pour dynamiser le secteur de la batterie, la Commission européenne veut également créer son propre marché, mais également soutenir la création d’emplois de la filière. Les 7 États membres que sont la Pologne, l’Allemagne, la France, l’Italie, la Belgique et la Finlande sont les principaux bénéficiaires de ce financement qui s’étalera jusqu’à 2031. Jusqu’à cette date, le financement public sera soutenu par 5 milliards d’euros supplémentaires en provenance cette fois-ci d’investisseurs privés.
La création d’un consortium de 17 entreprises européennes
Freiner l’importation de technologies étrangères, optimiser le cycle de recyclage de batterie, concevoir des accumulateurs plus fiables, dotés d’une meilleure durée de vie et plus propres, tels sont les principaux objectifs du consortium européen autour de la batterie lithium-ion.
Sobrement baptisé par la presse l’« Airbus des batteries », le projet devra se concrétiser par la construction de 20 usines géantes disséminées partout en Europe. Une initiative salutaire qui permettra de booster l’emploi européen. En France, une usine pilote devra voir le jour dans quelques mois, avec à la clé, la création de 200 emplois. Dans la seconde phase de mise en œuvre, ce sont deux unités de production qui feront le jour en Allemagne et en France, avec cette fois-ci la création de 1.500 postes sur chaque site.
Cette alliance d’envergure devra embarquer d’autres États membres et mettra en coopération 17 entreprises du secteur. Autour du développement des batteries Li-ion 100% européennes, on retrouve des entreprises à l’instar de BMW, Solvay, Varta, SEEL, FAAM, ACC, BASF, Umicore ou encore Endurance. Chacune d’elles se partageront 4 pôles de compétences que sont les matières premières et les matériaux avancés, les cellules et les modules, les systèmes de batteries et enfin, la réaffectation, le recyclage et le raffinage. D’autres entreprises, notamment PSA ou encore Opel, ont d’ores et déjà annoncé leur volonté de rejoindre le projet dans les prochains mois…